WANTOTRIP: LA STARTUP TUNISIENNE DU E-TOURISME
On ne naît pas avec des ailes. Les ailes, on en crée. C’est du moins ce que pense Chahrazed Remadi, globe-trotteuse et co-fondatrice avec Makrem Hermassi, de la Startup tunisienne de e-tourisme Wantotrip, créée en 2019, tout juste avant la crise sanitaire de la Covid-19 et qui a pu garder le cap, contre vents et marées.
Chahrazed Remadi, 29 ans, a une licence en gestion de PME, et elle poursuit, actuellement un MBA (Master of business administration) à l’Université centrale. Son projet de fin d’études (PFE), elle l’a effectué en Inde et depuis elle n’a pas arrêté de voyager dans les quatre coins du monde.
Notre jeune entrepreneure n’a pas attendu de finir ses études pour être opérationnelle, elle s’est souvent adonnée à de petits emplois pour collecter l’argent nécessaire pour ses voyages. C’est dire que rien ne lui a été donné d’avance, hormis le soutien inconditionnel de sa famille. Elle s’est toujours battue avec une conviction qui déplace les montagnes, pour tout ce qu’elle a accompli jusqu’à présent.
De graine d’entrepreneure à une entrepreneure accomplie
Fille d’une mère entrepreneure, Chahrazed portait en elle la graine d’entrepreneuriat depuis toute petite. ” Ma mère était mon modèle et j’essayais souvent de l’imiter, alors toute petite, en montant ” des petits business ” au sein même de notre famille, en faisant des listes et des prix pour toutes nos courses et affaires “, confie-t-elle à l’agence TAP.
” Et cette passion pour l’entrepreneuriat a grandi en moi d’année en année. Mon premier projet, je l’ai monté quand j’étais lycéenne et c’était un projet d’impression de T-shirt et de Mugs. Après avoir fini mon PFE en Inde, j’ai regagné la Tunisie et c’est là que j’ai lancé, avec Makrem Hermassi, mon partenaire de voyages et de vie, un projet de consulting et de services et un projet de “restau-traiteur” pour cantine scolaire “.
” Puis en 2017, Makrem et moi, avions décidé de tout quitter et de poursuivre un vieux rêve, celui de parcourir le monde pour une durée indéterminée. L’argent ne nous a pas gênés, puisque nous avons choisi de travailler tout en voyageant. Nous avons commencé à partager nos expériences de voyage via un blog de voyages en ligne et différents canaux de médias sociaux.
Au fil du temps, une communauté soudée a commencé à se former autour de notre blog et cela a conduit au chapitre suivant : Organiser des voyages ouverts afin que notre communauté nous rejoigne dans nos voyages atypiques. Et c’est ainsi que nous avions décidé de transformer notre passion en projet et c’est juste dans cet éclat de lumière, qu’est née Wantotrip “.
Créée en 2019, Wantotrip est une plateforme de voyages qui utilise le pouvoir du marketing d’influence pour promouvoir des voyages à thème, en petits groupes, opérés par des agences de voyages partenaires et accompagnés par des leaders de communautés.
Mais ce n’est pas tout, Chahrazed est aussi co-fondatrice de ” Pineapple Studio “, le premier et unique atelier capillaire en Tunisie dédié aux cheveux bouclés. ” J’adore résoudre mes propres problèmes par des projets et comme j’ai les cheveux bouclés et que je pense toujours qu’on pourrait être belle et présentable sans avoir nécessairement les cheveux lisses, j’ai pensé que Pineapple Studio pourrait servir toutes celles qui partagent ma vision “.
Animée par une énergie à en revendre, Chahrazed ne compte aucunement s’arrêter là. ” Ce sont mes deux projets pour le moment mais je n’hésiterai jamais à concrétiser toute idée qui me vient à l’esprit et qui puisse apporter de la valeur ajoutée à petite ou à grande échelle “.
Wantotrip, contre vents et marées
Chahrazed s’estime chanceuse d’avoir rencontré les bonnes personnes et d’avoir su vers qui s’orienter à chaque fois qu’elle avait un problème à résoudre concernant son business.
Même quand la pandémie du covid-19, a surgi, alors que Wantotrip faisait ses tous premiers pas, elle a su, avec ses collaborateurs, la transformer en opportunité.
” A peine née, Wantotrip s’est vue confrontée à l’immobilisation forcée de l’activité touristique de par le monde. Une startup de voyages en plein Covid, c’était une aventure folle. Le plus facile était d’abandonner mais nous avons tenu bon et nous avons réussi à transformer la crise en opportunité, à travers la création du jeu de société ” Wantotrip, Le tour du monde ” qui a rencontré un grand succès et qui a beaucoup contribué à la résilience de Wantotrip face aux répercussions du covid-19 “.
Labellisée startup Act, Wantotrip a également, bénéficié, selon sa cofondatrice, des avantages mis en place par Smart Capital, la société de gestion en charge de l’implémentation de l’initiative nationale Startup Tunisia, qui ambitionne de faire de la Tunisie un pays de Startups à la croisée de la méditerranée, de la région MENA et de l’Afrique.
” Le fait d’être titulaire du label startup act nous a beaucoup aidé. Wantotrip a pu bénéficier du programme ” Save” d’aide aux startups sinistrées du Covid-19. Elle a également, bénéficié de l’exonération de l’impôt sur les sociétés et de la prise en charge par l’Etat des cotisations patronales et salariales au régime légal de sécurité sociale. Nous avons aussi, eu le droit d’ouvrir un compte spécial en devises… “.
Malgré le Covid-19, Wantotrip a pu, grâce à la détermination sans faille de ses fondateurs, doubler son chiffre d’affaires en 2021, par rapport à 2020, maintenir son équipe dans un premier temps et la développer, par la suite, pour atteindre 20 personnes, actuellement.
Après une première levée de fonds auprès de Flat6labs et de l’accélérateur de Startups “Anava Seed Fund”, et une deuxième auprès de Business Angels, Wantotrip est actuellement, en pleine expansion. Elle est en train de lever des fonds à l’étranger et elle a réussi à ouvrir des filiales en France et en Indonésie. Une troisième filiale sera bientôt ouverte, dans le golfe.
” C’est un vrai parcours de combattants. Mais nous avons cru en notre capacité de surmonter la crise. Je pense que le plus difficile est derrière nous. Et avec la reprise des voyages de par le monde, j’estime que le moment est arrivé pour décoller “. Grâce au chemin parcouru depuis septembre 2019, Charazed Remadi a été élue femme entrepreneure de l’année 2021 dans le secteur des services et sélectionnée pour participer, en octobre dernier, au programme ” Promise exchange program “, un programme d’échange financé par l’ambassade des Etats-Unis en Tunisie, qui offre aux startups tunisiennes sélectionnées, la possibilité de se rendre aux Etats-Unis pour prendre connaissance de l’écosystème de l’entrepreneuriat à New York et à Washington et bénéficier d’opportunités de réseautage et de mentorat ciblé.
J’ai tout appris en voyageant
Globetrotteuse par vocation, au-delà de la satisfaction d’avoir réalisé son rêve de parcourir le monde, Chahrazed a également réussi à faire de son rêve son métier. Elle n’a jamais pensé à compter le nombre de pays visités, car ce qui comptait le plus pour elle, ce sont les expériences qu’elle a pu vivre dans chaque pays visité. Des expériences enrichissantes, bouleversantes et stimulantes, qu’elle expose en détails sur les réseaux sociaux à travers son compte commun avec son mari, Makrem Hermassi ” Mak&Cha”.
“Ces voyages ont fait de moi la personne que je suis actuellement. Ils m’ont tout appris, la gestion du budget, la gestion du temps, la responsabilité, la ponctualité, le respect, la tolérance, la diplomatie, l’acceptation des différences, la gestion des difficultés, la nécessité de toujours relativiser… et Wantotrip c’est justement le fruit de mes deux grandes passions pour les voyages et l’entrepreneuriat et c’est ce qui fait que je peux travailler des journées toutes entières sans me lasser “.
” Si j’ai un souhait à faire c’est que tout le monde puisse vivre de sa passion, car aimer le travail qu’on fait c’est le premier secret de la réussite “.
A long terme, l’objectif est de s’adonner à l’entrepreneuriat social
Pour notre interlocutrice, la vie c’est surtout des étapes à ne pas brûler et à vivre pleinement. Pour le moment, son objectif c’est de réussir l’expansion et l’internationalisation de Wantotrip. “Pourquoi ne pas en faire la licorne de la Région MENA?”, espère-t-elle.