Les Tunisiens ont voté, dimanche 15 septembre, pour l’élection, au suffrage universel, du Président de la République. C’est la 2ème fois, depuis la révolution du 14 janvier 2011, qu’ils votent, démocratiquement, pour des élections présidentielles.
Elles se sont déroulées dans le calme absolu, la transparence totale et le respect des règles de la démocratie. Le peuple tunisien a fait preuve d’une grande maturité; et chaque citoyen s’est exprimé librement, sans contrainte ni pression.
Ce 1er tour constitue un véritable séisme politique et une débâcle électorale retentissante pour la classe dirigeante du pays, toute confondue: au pouvoir et dans l’opposition. Les électeurs leur ont infligé une claque et leur ont tiré le carton rouge.
Ces élections ont révélé, d’un côté, une Tunisie profonde et une majorité silencieuse mésestimée et sous-estimée; et de l’autre côté, une classe politique (à part Ennahdha) amateur, novice, farfelue, imbue d’elle-même et désavouée.
Sur les 26 candidats qui se sont présentés à ces élections, et selon les sondages, deux sont passés au 2ème tour: Kaïs Saïed et Nabil Karoui. Si le score du 2ème élu était attendu et annoncé par les sondages, celui du 1er (Kaïs Saïed) était inattendu et constitue une surprise.
Maintenant, pour qui voter au 2ème tour ? Le 1er, Kaïs Saïed, est un indépendant et n’a ni parti, ni passé politique. C’est un professeur universitaire en droit constitutionnel, qui s’apparenterait davantage au courant islamiste. Son élection est un cas d’espèce, à méditer.
Le 2ème, Nabil Karoui, est bien plus connu. Il est l’un des fondateurs du parti Nida Tounis. Il détient la 1ère chaîne TV en Tunisie «Nessma» et une agence de communication «Karoui & Karoui» réputée. Il a fondé, récemment, son parti politique.
Il a commencé à mener sa campagne électorale depuis quelques années déjà, sous couvert de bienfaisance. Il a sillonné le pays et s’est fait aimer par les gens pauvres. Sa mise en prison pour soupçon de blanchiment d’argent a augmenté sa popularité.
Pour lesquels de ces deux candidats, atypiques, voter? Avant le vote, ce qu’il faut le plus craindre, c’est un très fort taux d’abstention, qui signifiera que les Tunisiens se détournent de la politique et qui exprimera leur dégoût envers la classe politique.
La question que tout le monde se pose: lequel des deux candidats a la personnalité, la stature et le charisme pour assumer les charges et la fonction de Président de la République. Peut-être aucun; mais il faut bien en choisir un.
Mais en attendant la proclamation des résultats définitifs, bien de choses et de rebondissements peuvent se produire et qui changeront complètement la donne. La démocratie est un apprentissage long et difficile; et les Tunisiens assumeront leur choix.
