Les récentes prévisions à moyen terme laissent entrevoir des niveaux élevés des prix à la consommation. Elles tablent sur un taux d’inflation moyen de 11% en 2023, avant de baisser à 8,9% en 2024, contre 8,3% pour toute l’année 2022, selon la note sur les évolutions économiques et monétaires et les perspectives à moyen terme publiée jeudi 2 février 2023 par la Banque Centrale de Tunisie.
Par principale composante, on s’attend à ce que l’inflation des produits administrés évolue à des niveaux historiquement élevés, de 15,5% en 2023 et de 12,8% en 2024, après 6,3% pour l’ensemble de l’année 2022. L’accélération de cette composante de l’inflation trouverait son origine notamment dans les hausses attendues des prix administrés prépondérants (alimentation, énergie, et services).
Caisse de compensation et prix internationaux
En effet, le programme de réforme de la Caisse de compensation (2023-2026) prévoit des ajustements sensibles des prix administrés des produits alimentaires accompagnés de transferts monétaires (cash transfers).
Egalement, le maintien des prix internationaux des produits de l’énergie à des niveaux élevés et l’absence d’espace budgétaire devraient occasionner des ajustements fréquents des prix de l’énergie.
Vers des augmentations des prix de l’énergie
En outre, les effets (directs et indirects) des augmentations attendues des prix de l’énergie (carburants, électricité et gaz naturel), devraient avoir des incidences sur les prix des autres produits et services administrés dans les années à venir.
Quant à l’inflation des produits alimentaires frais, les récentes prévisions laissent entrevoir une atténuation graduelle du taux d’inflation, pour revenir de 14,1% en 2022 à 11,1% en 2023 et à 7% en 2024.
Inquiétude en matière de production…
Les faibles perspectives de la production de plusieurs produits, notamment maraichères, fortement touchés par le stress hydrique persistant, ainsi que la hausse des coûts de production (dont une grande partie des intrants est importée) et de distribution (répercussion de la hausse des prix de l’énergie), pourraient entraver une décélération rapide du taux d’inflation des produits alimentaires frais sur l’horizon de prévision.
Quid de l’inflation sous-jacente
Pour sa part, l’inflation sous-jacente, mesurée par l’indice des prix à la consommation hors produits alimentaires frais et produits à prix administrés, devrait se maintenir sur une tendance haussière graduelle sous l’effet des pressions inflationnistes provenant essentiellement de ses principaux déterminants. En particulier, la diffusion des hausses antérieures importantes des prix internationaux des produits de base vers les prix à la consommation pourrait se poursuivre dans les mois à venir.
A ces effets s’ajouterait l’impact des effets des hausses des coûts de l’énergie.
Egalement, l’envolée de l’inflation chez les principaux partenaires commerciaux de la Tunisie, devrait continuer de transiter à travers les importations des produits de consommation vers les prix domestiques. De plus, l’augmentation des coûts salariaux est de nature à entraver une décélération rapide de l’inflation sous-jacente (hausse récente du salaire minimum interprofessionnel garanti SMIG de 7%, en octobre de 2022).
En outre, le renforcement graduel de la demande de consommation, soutenue par la hausse des salaires, maintiendrait les pressions sur la trajectoire de l’inflation sous-jacente.
En moyennes annuelles, le taux d’inflation sous-jacente passerait de 7,9% en 2022 à 9,2% en 2023 avant de revenir à 7,7% en 2024.