«Travailler moins sur la quantité et davantage sur la qualité»
L’actualité a mis le marché britannique sur les devants de la scène.
En effet, après la faillite retentissante de Thomas Cook, le 23 septembre dernier, et ses conséquences néfastes sur le tourisme tunisien, et à la veille de la sortie (dans la douleur) de la Grande Bretagne de l’Union Européenne (Brexit), la tourisme tunisien se pose beaucoup de question sur son devenir sur le marché britannique.
Le salon World Travel Market est venu à pic pour faire le point de la situation.
C’est ce que Tourisme Info a essayé de faire, en interviewant l’ambassadeur de Tunisie à Londres M. Nabil Ben Khedher.
TI : Quelle est l’image de la Tunisie en Grande Bretagne?
NBK : L’image de la Tunisie en Grande-Bretagne est généralement bonne. Elle est perçue comme un pays avec un riche patrimoine et une histoire millénaire, attrayant pour les visiteurs et investisseurs, et « politiquement intéressant » eu égard à son une expérience démocratique unique dans la région. Toutefois, malgré ce constat, l’image de la Tunisie a subi de manière directe les effets négatifs des attentats terroristes de 2015 sur les touristes britanniques. Ces effets prennent du temps pour s’estomper.
TI : Comment relancer et développer les relations tuniso-britanniques, à travers le tourisme, et quelles sont les actions à mener dans ce sens?
NBK : Les relations tuniso-britanniques connaissent un élan prometteur depuis quelques années avec une coopération qui se diversifie et qui touche désormais à de nouveaux secteurs comme la sécurité et l’enseignement supérieur. Le tourisme peut jouer un rôle d’accélérateur de cette dynamique ; car il contribue à augmenter l’attractivité du pays. Pour cela, il faut bien évidemment un travail assidu de promotion qui aille au-delà des actions classiques de marketing dans le domaine strictement touristique pour toucher l’art et la culture, puissants vecteurs d’attraction du public britannique, à travers des actions originales et ciblées. A mon avis, un benchmarking est nécessaire par rapport à nos principaux concurrents qui disposent de moyens humains et financiers conséquents.
Par ailleurs, il faut également garder à l’esprit que le secteur du tourisme n’a pas dérogé au phénomène de globalisation. A ce titre, l’attrait d’une destination n’est pas uniquement dépendant des efforts consentis sur un marché particulier, mais également de la mise en place de stratégies nationales visant à augmenter l’attractivité de la destination Tunisie. A titre d’illustration, la présence de plus en plus importante de grandes chaines hôtelières de luxe dans notre pays, est un signe envoyé à tous les touristes étrangers –et aux britanniques- qui accordent plus facilement leur confiance à certains de ces grands noms.
TI : D’après vous, comment relancer la destination Tunisie sur le marché britannique après la faillite de Thomas Cook?
NBK : Malheureusement la faillite de Thomas Cook est intervenue au moment où la destination tunisienne est en pleine relance sur le marché britannique ce qui va nous priver d’un partenaire majeur pendant cette phase cruciale de reprise et nous pousser à trouver des solutions de rechange durables. A mon avis, il faut se poser inéluctablement la question du transport aérien vers la Tunisie dont l’offre est très limitée par rapport aux destinations méditerranéennes concurrentes. Ensuite, il y aurait lieu de travailler moins sur la quantité et davantage sur la qualité en optant pour des créneaux haut de gamme du type weekend breaks, conférences ou excursions thématiques (culture, gastronomie…) qui génèrent plus de revenus. Enfin, il faut veiller à intégrer progressivement dans notre offre touristique une composante écologique à laquelle le touriste occidental –et britannique en particulier- est particulièrement attentif.
TI : Comment voyez-vous l’avenir du tourisme tunisien au Royaume Uni après le Brexit?
NBK : La Tunisie est une destination traditionnellement appréciée par les touristes britanniques en raison de sa proximité, de son histoire, de l’excellente offre et infrastructure hôtelières, de son beau temps ensoleillé, de ses prix compétitifs… Tout comme la clientèle britannique est appréciée par les professionnels du tourisme tunisien pour son pouvoir d’achat élevé. Avec la normalisation de la situation sécuritaire en Tunisie, je m’attends à ce que la reprise du marché britannique s’accélère au cours des prochaines années, en dépit de certaines difficultés conjoncturelles qui peuvent surgir de temps à autre comme c’est le cas avec la faillite de Thomas Cook.
TI : Quel est votre message aux professionnels du tourisme tunisien?
NBK : D’abord, j’aimerais rendre hommage aux opérateurs du tourisme tunisien pour leur haut degré de professionnalisme et capacité d’adaptation dans un secteur concurrentiel et soumis aux aléas. Ensuite, J’aimerais leur exprimer mon entière solidarité ; car ils ont dû faire face à des situations particulièrement difficiles au cours de ces dernières années, y compris la récente faillite de Thomas Cook et les difficultés financières qui en résultent pour nombre d’hôteliers tunisiens. Pour moi, le tourisme continuera de jouer un rôle majeur dans nos relations avec le Royaume-Uni et il occupera une place de choix dans toute stratégie de renforcement de notre coopération avec le partenaire britannique.